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Chroniques ovines

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A destination des éleveurs, cette rubrique a pour but de donner des conseils de saison, mais aussi des informations économiques et de marché. Les chroniques sont réalisées en partenariat avec Laurence SAGOT de l’institut de l’Elevage / CIIRPO. Leur parution est hebdomadaire.

Vers de nouveaux partenariats éleveurs/céréaliers

Le pâturage des intercultures dans les exploitations de grandes cultures par les brebis d’un éleveur voisin est une technique qui se développe. Ce partenariat est « gagnant/gagnant » pour les deux parties. Pour le céréalier, le fait d’envisager un pâturage le conduit à implanter 3 à 4 espèces fourragères à minima, choisies parmi les légumineuses, graminées, protéagineux et crucifères. Ces mélanges permettent de lutter plus efficacement contre les adventices, de restructurer le sol et de favoriser une plus grande production fourragère. Or, un couvert avec une production de 2 tonnes de matière sèche par hectare se traduit par 40 à 60 kg d’azote par ha sur la culture suivante et 15% de rendement en plus. Le pâturage n’a pas de conséquence négative sur la structure du sol. Le piétinement est en effet réduit du fait du faible poids des brebis. 

Moins de campagnols et de limaces
Le pâturage a également un effet sur la réduction des populations de campagnols et de limaces. D’autre part, la délégation de l’entretien de la parcelle à un éleveur permet un gain de temps non négligeable et une réduction des coûts en évitant sa destruction avec des produits phytosanitaires ou du broyage. Enfin,  la matière organique est augmentée (d’autant plus avec un couvert multiespèces). Pour l’éleveur, les couverts végétaux sont une ressource fourragère de bonne qualité alimentaire et facile à pâturer dans la mesure où les espèces semées ont été bien choisies.  
Pour en savoir plus, vous trouverez des conseils pratiques et un chiffrage des intérêts respectifs sur www.inn-ovin.fr : « Développer un partenariat autour de vos intercultures ». 

Le pâturage cellulaire et le parasitisme

L’étude sur le pâturage en mini parcelles se poursuit au CIIRPO (Centre inter régional d’Information et de Recherche en Production Ovine) sur le site du Mourier (87). Depuis septembre 2016, les parasites de brebis conduites selon deux modes de pâturage, tournant « classique » et cellulaire (appelé encore dynamique) sont observés à la loupe. Philippe Jacquiet, enseignant chercheur à l’école vétérinaire de Toulouse, explique que « les résultats obtenus lors de la première année d’observation indiquent que les brebis menées en pâturage cellulaire présentent des intensités d’excrétion d’oeufs de strongles gastro-intestinaux massives à certains moments de l’année. De plus, à certains moments du suivi, l’intensité du parasitisme interne a été plus importante en pâturage cellulaire qu’en pâturage tournant. »

Des résultats qui se confirment
Les deux séries de mesures réalisées en 2018 indiquent les mêmes tendances. Lors du dernier prélèvement, le 28 mai dernier, l’excretion s’établit à 434 oeufs de strongles gastro intestinaux (opg) en moyenne sur les 41 brebis prélevées en pâturage tournant. Les matières fécales des 43 brebis prélevées en pâturage cellulaire contenaient 612 opg. « Ceci signifie qu’il faut rester vigilant et que le pâturage cellulaire n’est pas un gage à lui seul d’un contrôle effectif du parasitisme interne au cours d’une saison de pâture, conclut le vétérinaire ».
Les résultats de la première campagne d’étude sont disponibles sur www.inn-Ovin.fr et www.idele.fr : « Pâturage cellulaire et parasitisme en production ovine : les enseignements d’une première campagne de suivi ».

Plantes à tannins : des espoirs qui restent à concrétiser

Plantin, lotier ou bien chicorée sont des plantes riches en composés naturels bioactifs, dont les tannins. Elles auraient une action sur les vers de strongles gastro intestinaux et réduiraient leurs effets sur la santé des animaux à l’herbe. Mais les études conduites en grandeur réelle restent rares et ont essentiellement été menées en Grande Bretagne et en Nouvelle Zélande. En France, un premier essai a été conduit en 2017 au CIIRPO, sur le site du Mourier. Deux lots d’agneaux d’herbe non complémentés en concentré ont été comparés. L’un d’eux disposait d’une parcelle composée de chicorée, plantain et lotier qui était pâturée chaque mois en cure pendant 10 jours consécutifs en alternance avec une prairie temporaire. L’autre lot n’avait pas de plantes à tannins à disposition. 

17 % de croissance en plus
Au final, au cours de l’été, les croissances des agneaux ont été supérieures de 17 % lorsque les agneaux ont consommé les plantes à tannins. Par contre, les analyses de crottes réalisées toutes les trois semaines n’ont pas mis en évidence de différence d’excrétion en œufs de strongles intestinaux. Le 22 août, les niveaux des deux lots étaient équivalents avec plus de 1000 œufs par gramme. Des tractus digestifs des agneaux sont en cours d’analyse : les œufs seront comptés et reflèteront le réel niveau d’infestation des agneaux avec et sans tannins. Un nouvel essai demarre en juillet au CIIRPO. 

La complémentation minérale des brebis en résumé

La complémentation minérale d’un troupeau sur l’année est complexe. Toutefois, quelques grandes règles de base sont à respecter. Dans ce domaine, les excès sont souvent plus néfastes que les carences. Apporter des minéraux toute l’année est très coûteux et peut être préjudiciable pour la santé des animaux dans le cas d’une conduite au pâturage. En effet, l’excès d’un élément est alors à craindre, ce dernier bloquant l’assimilation d’un autre. Des cures de minéraux aux moments stratégiques suffisent : un mois avant la mise à la reproduction et un mois avant l’agnelage. 

Jamais de cuivre ajouté
Au cours des autres stades physiologiques, des cures d’un mois maximum alternées avec un ou deux mois sans apport sont également possibles : pierre ou seau enrichi en zinc pour les boiteries par exemple. 
D’autre part, un aliment pour ovins ne doit jamais contenir de cuivre ajouté sauf diagnostic de carence. Il est important de vérifier que cet oligo élément ne figure pas dans la liste des additifs sous peine de grave intoxication. Enfin, l’apport d’engrais enrichis d’un élément (sélénium par exemple) sur les prairies est moins efficace que l’apport direct à l’animal car la plante l’absorbe plus ou moins bien. 
Pour en savoir plus : « la lettre technique des éleveurs ovins n°24 : compélmentation minérale, simplicité et modération » sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr.

Un parasol XXL pour les brebis

Avec le développement du pâturage tournant dynamique ou cellulaire, les brebis qui pâturent de petites parcelles se trouvent souvent dépourvues d’ombre.

En 2017, le Campus des Sicaudières (lycée agricole des Deux Sèvres) a imaginé un système d’ombrage artificiel facilement déplaçable au quad, l’OVIFRESH. « Ce prototype, autoconstruit par un salarié de l’exploitation du lycée, nous a donné pleine satisfaction », explique Arnaud Oble, le directeur de l’exploitation. « Une cinquantaine de brebis s’y couchent à l’ombre dès que les températures sont un peu élevées. Sa facilité de transport d’une parcelle à l’autre et sa rapidité de déploiement sont ses principaux atouts ».

Prix spécial du Berger Futé

Cette astuce a reçu le prix spécial du jury lors du concours du Berger Futé du TechOvin 2017. L’Alliance Pastorale la commercialise depuis quelques semaines. Si vous êtes intéressé, vous pouvez contacter cette coopérative ou bien Arnaud Oble (arnaud.oble@educagri.fr). Une vidéo qui présente l’OVIFRESH est également disponible sur www.inn-ovin.fr.

Un risque d’entérotoxémie accru avec du ténia

Les premiers signes cliniques du ténia sont bien connus : les agneaux présentent un mauvais état général avec un déficit de croissance. Des troubles digestifs, un amaigrissement et une laine sèche et cassante sont des signes possibles. Les agneaux manquent de vigueur, avec une anémie possible. Ce qui est moins connu, c’est le risque d’entérotoxémie qui est considérablement accru. Et en ce milieu de printemps, les infestations de ténia sont particulièrement virigulentes dans certaines régions.

Un traitement spécifique efficace
Le laboratoire de l’Alliance Pastorale témoigne : « depuis 3 semaines, les autopsies d’agneaux révèlent de fortes infestations en ténia, y compris sur des agneaux âgés d’un mois et demi ».   Le traitement se fait par administration d’un médicament spécifique du ténia ou d’un produit polyvalent ténia-strongles à partir de 5 semaines après la sortie à l’herbe ou le début de la consommation effective d’herbe. L’immunité contre le ténia se développe en quelques mois. Ce ne sera donc plus un souci dans la plupart des cas après 6 mois de pâturage.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la vidéo « le ténia du jeune agneau »  et le podcast « radio ovin n°3 » sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr.

Les béliers préfèrent les grosses brebis

L’état corporel des brebis en lutte joue-t-il un rôle sur le comportement sexuel des béliers ? Selon une récente étude réalisée par Supagro Montpellier et l’INRA, la réponse est oui : les béliers préfèrent les brebis bien en chair.

Le dispositif mis en place pour mesurer la préférence des béliers était le suivant : à partir de brebis de race Mérinos d’Arles de même poids, trois lots ont été composés. Le premier, alimenté selon ses besoins pendant 3 mois, s’est maintenu. Le second, suralimenté, a pris 8,2 kg au cours de la lutte. Le dernier, sous alimenté, a perdu 7,8 kg. Afin de mesurer l’attractivité des mâles, 6 brebis (2 de chaque lot) ont été mises en contact avec 2 béliers pendant 30 mn. Toutes les cinq minutes, la brebis la plus courtisée était enlevée du lot.

Grosses et en bon état

Ce test a été répété avec 6 béliers différents, avant et après la différence de régime alimentaire. « Les brebis qui ont le meilleur état corporel et le poids le plus élevé ont la préférence des béliers, explique Nathalie Debus de l’INRA. La différence est nette et est confirmée par le nombre de chevauchements qui est nettement plus important. Cela peut s’expliquer par le fait que les mâles identifient les femelles à même de mener leur gestation à terme ». Par contre, l’alimentation des  brebis ne modifie pas leur intérêt pour les mâles. Maigres ou grasses, elles prospectent de la même façon mais lorsque le bélier a le choix, certaines ont plus de chances que d’autres !

Reconnaître une boiterie et la soigner

Savoir identifier un panaris, une fraise, une fourbure ou du piétin : tel est l’objectif de cette nouvelle fiche technique intitulée « les boiteries des brebis et des béliers » mise en ligne sur www.inn-ovin.fr et www.idele.fr. Les causes de boiteries les plus fréquemment rencontrées chez les adultes y sont listées avec leurs symptômes, moyens de prévention et de soins possibles. Par exemple, le panaris est facilement identifiable avec un espace interdigité et une couronne gonflés. Parfois, du pus est visible avec un ulcère. Laurent Saboureau, vétérinaire à l’Alliance Pastorale, rappelle « qu’une blessure dans l’espace interdigité s’est alors transformée en porte d’entrée pour les bactéries qui pénètrent dans les tissus du pied et déclenchent alors une infection. Un antiseptique local et un antibiotique par voie générale sont alors recommandés ». Le mal blanc a pour origines possibles des litières et des pâtures humides associées à des températures supérieures à 10 °C, de la terre ou de la matière organique entre les onglons. L’espace interdigité n’est plus rosé mais blanchâtre ou inflammé. Un traitement antiseptique individuel ou un passage collectif au pédiluve suffit bien souvent à enrayer la maladie. Attention, la surinfection est possible (piétin, panaris) en cas de manque de soins.

Du parage à la vaccination

Le piétin entraine une boiterie plus ou moins prononcée selon le type de lésions : de l’inflammation à la nécrose de la corne avec décollement de l’onglon. A l’origine, deux bactéries dont l’une est très résistante dans le pied mais peu dans le milieu extérieur. « Un parage en éliminant la corne molle et lésée, une antibiothérapie par voie locale voire générale est alors indispensable, conseille Laurent. En matière de prévention, l’association du parage, de passages au pédiluve, éventuellement d’une vaccination ou d’une supplémentation alimentaire en zinc et surtout d’une réforme si récidive sont nécessaires ».

Dans cette même rubrique, vous retrouverez la semaine prochaine les moyens de prévention possibles de la fourbure, de la fraise ou limace et d’une pousse anormale de la corne.

Le maïs et le colza ne colorent pas le gras des agneaux

Ce sont surtout les colorations brun-rouge qui altèrent la présentation des carcasses des agneaux et peuvent entraîner l’exclusion des démarches qualité. Le colza et le maïs ont particulièrement mauvaise réputation. Et pourtant, tous les essais qui comparent des agneaux du même âge finis en bergerie ou sur des couverts végétaux à base de colza fourrager ont démontré le contraire. D’autre part, le maïs n’est en aucun cas responsable d’une coloration jaune des gras. Cette dernière résulte d’une accumulation de pigments caroténoïdes (le β carotène) dans les graisses de l’agneau. Et le maïs reste un aliment très peu pourvu en β carotène à l’inverse de l’herbe pâturée par exemple.

Le sexe et l’âge des agneaux

De nombreux facteurs liés directement à l’animal le prédisposent par contre au problème de coloration du gras. Le sexe reste le premier critère. Les mâles sont beaucoup plus sensibles que les femelles. L’âge influence également la couleur du gras. Les agneaux abattus entre 8 et 10 mois présentent des gras plus colorés que les agneaux d’herbe abattus jeunes. La race est un critère pouvant également favoriser l’apparition de défaut de couleur. Certaines races sont beaucoup moins sensibles que d’autres comme l’Ile de France par exemple. Le mode d’alimentation joue également un rôle : les défauts sont moins fréquents sur des agneaux rationnés en concentré par exemple. Enfin, il est probable que la couleur du gras soit sous la dépendance d’une variabilité individuelle. Cela expliquerait les différences de qualité parfois observées entre deux agneaux de même race, de même sexe et conduits de la même façon.

Quatre méthodes pour faire adopter un agneau

L’adoption n’est pas toujours couronnée de succès mais certaines méthodes offrent plus de réussite que d’autres. Frotter l’agneau à adopter avec le placenta de la brebis qui vient de mettre bas est en une. Hubert Germain, vétérinaire et formateur explique « qu’il est possible de simuler un nouvel agnelage afin de déclencher l’ocytocine par la compression des sciatiques. Quatre doigts sont introduits dans le vagin, le pouce à l’extérieur. Un message est alors réalisé en appuyant bien sur le plancher du bassin. Cette technique est à essayer lorsque l’agnelage est récent ». La case d’adoption est une autre solution. La brebis est alors attachée au cornadis en permanence.  L’alimentation et l’abreuvement sont réalisés par devant. La mère ne peut pas voire ni sentir l’agneau à adopter et l’éleveur se poste dans la case plusieurs fois par jour pour le faire téter. Pour vérifier si l’adoption a réussi, elle est détachée du cornadis et observée de près pendant quelque temps.

Une corde à l’attache de la queue
Il est également possible d’attacher la brebis dans sa case d’agnelage à l’encolure en continue afin qu’elle ne fasse pas de mal à l’agneau à adopter. Pour faire téter l’agneau, un jarret est mis en suspension sur la barrière pour libérer la mamelle. La présence de l’éleveur est indispensable afin d’éviter les risques d’étouffement et de préserver le bien être de la brebis. Enfin, une autre méthode consiste à utiliser un masque et une corde. L’objectif est de bloquer l’articulation des pattes arrière pour empêcher la brebis de taper l’agneau. Pour ce faire, la corde est passée autour de la brebis, juste devant la mamelle et sur la pointe des hanches. Un nœud qui se défait très rapidement est ensuite réalisé car la corde est enlevée aussitôt que l’agneau a tété. La corde est ensuite ramenée au niveau de l’attache de la queue. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche technique « Une méthode d’adoption avec un masque et une corde » et la vidéo « une méthode d’adoption en élevage ovin » sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr.

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Laurent KELLER
Conseiller élevage - Ovin viande
Tel : 03.83.93.34.79 - 06.82.69.83.41